L'histoire de Lara, un parcours de growth marketing et de product management
Apprendre l'informatique pour changer le monde
Toutes les semaines, l'émission Les casseurs de Code, donne la parole à des personnes qui ont appris le code pour ajouter une corde de plus à leur arc, de concrétiser des idées, de laisser libre cours à leur créativité, d'acquérir un état d'esprit. Ces personnes n'avaient pas toute vocation à devenir dev. Mais toutes ont découvert de nouveaux horizons et de nouveaux métiers. Comme dirait l'autre :
Code isn't the thing, it's the thing that gets us to THE thing.
L'histoire de Lara, un parcours de growth marketing et de product management
Voici la retranscription de l'épisode de Lara, qui a fait THP en 2020. L'épisode est disponible au format audio à cette adresse. Et la retranscription ci-dessous :
Comment devenir Product Manager : Chapitre 16
Félix
Bonjour Lara
Lara
Salut Félix
Félix
Tu as fait THP en 2020 pour la session du premier confinement, qui étais-tu avant ?
Lara
Au moment de faire THP, j'étais en growth marketing dans une startup. De base je vais du produit, donc j'ai fait tous mes stages/mon alternance en marketing produit.
A la fin de mon alternance, première exposition avec THP parce que je me posais des questions sur ma carrière, comment la construire, etc. Je me suis dit qu'on a cette espèce de révolution digitale qui est hyper dur à appréhender. On n'est pas hyper bien formés là-dessus, mais en même temps, ça arrive. Et je suis tombé par hasard sur des ateliers de growth, d'automatisation, etc. Donc je me suis engouffré dans la brèche du growth
Félix
Tu es partie du marketing traditionnel product management pour aller vers la partie growth ? C'est quoi les différences entre les deux ?
Lara
La growth, justement, a pris naissance dans l'écosystème de la tech, c'est souvent des solutions SaaS. C'est une réflexion plus moderne du marketing qui a emprunté des méthodologies qu'utilisent les développeurs, que ce soit le scrum, ou le product market fit mais pour le marketing.
Donc t'as vraiment une volonté d'optimiser, de rationaliser et de baser en permanence sur de la data. Et c'est comme ça qu'ils arrivent à faire la différence aussi par rapport à un marketing plus classique. Il faut que tu optimises ce que tu exploite au max, la data, la base de données client parce que tu as ton produit à la bonne place au bon moment, mais ce sera derrière un écran.
Avant tu voyais ton produit dans un magazine, sur un truc d'affichage. Aujourd'hui tu es en permanence inondé d'informations, tu es derrière un téléphone. Donc, forcément tout le marketing change. Et forcément, si tu aimes le produit et que tu es épanoui dans du marketing classique, c'est l'évolution naturelle.
En growth tu as cette réflexion tout le temps de suroptimisation et de performance, et que toutes tes décisions soient hyper rationnelles et basées sur la data.
Félix
Donc tu t'intéresses à la growth, c'était il y a combien de temps ?
Lara
En 2019, il y 2 ans. Justement quand je recherchais mon premier job, avant même avant de savoir que la growth existait, j'avais postulé à un programme qui place des jeunes talents dans plusieurs startup sur des mois de cours. Et j'étais à mi-chemin entre un profil un peu intéressant pour des start up, mais pas encore assez technique.
Et je ne voulais pas rester dans les grands groupes ce que j'estime être un marketing plus traditionnel. Il m'avait justement parlé de THP à l'époque pour que je développe ce profil technique. Première évocation mais finalement ce n'était pas le bon moment pour moi, j'avais pas envie de me relancer dans une formation. Donc j'ai fait un petit bootcamp en growth et après j'ai tout mis en pratique pour trouver mon premier job.
Donc je fais mon premier job. J'adore ça, je suis en growth et de plus en plus j'apprends à coder en mode bidouille en HTML, CSS. Je bidouillais mon WordPress pour optimiser l'expérience utilisateur, pour qu'il y ait le moins de friction possible, pour convertir un maximum, mais à un moment donné j'étais limitée. Et ce qui était frustrant, c'est quand il y avait des clients qui posait des questions un peu plus techniques ... Moi je suis censée être garante du produit parce que je suis quand même au marketing donc c'est toi qui développes l'offre. Et tu peux pas répondre avec beaucoup de précision à la personne et du coup il y a cette espèce de syndrome de l'imposteur qui commence à se profiler.
Et en même temps, c'est difficile de travailler avec des développeurs si tu comprends pas leur langage. Tu ne sais pas ce que tu peux leur demander, tu ne sais pas comment estimer leur charge de travail. Et ce qui m'a un peu fait déclic, c'est que ça faisait deux semaines qu'un dev était bloqué sur une migration. C'est quand même hyper bizarre quand t'y pense de dire que tu bosses avec des équipes et que parfois t'écoutes, mais d'une oreille distraite parce que quoi qu'il arrive tu ne comprends pas.
Et puis un jour, je me réveille un beau matin, je me qu'il faut que j'apprenne le code. J'ai trop envie de comprendre. J'ai trop envie de pouvoir vraiment optimiser, que ce soit mon produit, de comprendre comment je peux aider les développeurs, comment ils peuvent m'aider. Au moins de parler le même langage.
J'avais déjà fait un peu mon benchmark et ce que j'aimais vraiment avec THP, c'était ce côté pirate, école de la débrouille où on casse un peu les codes, où on peut apprendre à coder avec un plombier, avec un jardinier, avec un mec d'école de commerce ou d'ingé ... Tu vas pouvoir te nourrir de toutes ces approches totalement différentes sur des problématiques de code.
Ça permettra aussi direct d'être en immersion, et pour en avoir discuté avec aussi des anciens de THP, on dit c'est vraiment un énorme plus. Quand tu es au quotidien/au travail, si t'as un problème tu vas demander à ton collègue A, à ton collègue B. Mais il n'y a pas une solution, il y en a environ 15 000.
Il faut que tu trouves une solution rapidement et il faut que tu comprennes quand on te parle. C'est ce que j'ai aimé avec THP, parce que tu es en peer-learning, donc toujours dans le débat avec les gens. Le matin quand tu fais le débrief des exercices de la veille, dès les premiers exercices, tu le vois. À la moindre pyramide, la moindre première boucle, il y en qui le font en 15 lignes, d'autres en 2 lignes. Ils peuvent te l'écrire d'une manière dont tu ne savais même pas que ça existait.
Et à chaque fois tu es corrigé par quatre personnes et donc quatre résolutions totalement différentes. C'était la raison qui m'avait poussé à prendre THP et j'ai pas été déçue.
Félix
Donc comment ça s'est la passée la formation pendant le confinement ?
Lara
C'est vrai que c'était perturbant au départ parce que je voulais passer du temps avec les gens, j'étais inscrite à Strasbourg avec une excellente communauté et très belle ville. Et la on se retrouve constamment derrière des écrans, il y avait cette première barrière un petit peu difficile à franchir au début. Et bon au final par la force des choses, t'es quand même obligé d'accélérer un peu la discussion et d'aller au contact des gens.
Donc j'ai commencé, mais dès le départ je savais que je voulais pas être développeuse. Mais en tout cas que je voulais comprendre. J'ai vraiment aimé l'entrée en matière douce, avec des cours hyper construits sur le Net, sur l'Internet, les types de serveurs, une IP ... Plein de choses qui sont les racines de ce que tu fais après.
On vous donne quand même des cours ultra solides, à tel point que c'était impossible le début. Un peu scolaire, j'essayais de ficher mes cours en me disant je vais les digérer en même temps. Très vite, j'ai arrêté parce que trop dense, trop complet, mais génial en fait, parce que c'était vraiment des cours ultra bien construits et ultra solides. C'était hyper rassurant.
Félix
Donc ça c'est la première semaine, et les autres semaines ?
Lara
C'était intense. J'ai adoré la partie backend parce que je trouvais qu'on arrive vraiment dans le vif du sujet. Quand on comprend vraiment comment est composé l'API, comment ça fonctionne que t'as vraiment l'impression de rentrer dans le vif du sujet. D'avoir une vision plus d'ensemble sur comment les différentes parties interagissent entre elles. J'ai trouvé ça vraiment fascinant.
Félix
Et ton groupe alors ?
Lara
J'avais un groupe génial, la dream team. On était hyper complémentaires. Excellente synergie avec un profil plus agence marketing, moi en growth, un autre profil ancien commercial qui se reconvertit et un autre développeur. Et bah, on rigolait énormément, même sur Discord. C'est ca qui est fou, c'est qu'au final, tu vois jamais des gens mais t'arrives à tisser des liens. C'était vraiment une super expérience.
Félix
Et depuis, tu fais quoi alors ?
Lara
Aujourd'hui je suis Product Owner/Product Manager, puisque dans les petites startups souvent tu fais des deux, à la fois la partie plus stratégique et à la fois la gestion. Tu es ce point de contact tout le temps entre le marketing et les développeurs. Donc tu traduis les besoins du marketing en code.
Parfois il y a des demandes clients qui remontent au support et qui donnent naissance à des super fonctionnalités produits. Et tu sais qui sera encore plus d'impact parce que ça vient du client. Il y a une relation qui se noue aussi avec ton produit et ton client, et à la fois dans l'autre sens, tu peux remonter et rassurer les développeurs. Tu comprends au quotidien pourquoi est-ce qu'il faut coder telle features avec celle-là ou pourquoi celle-là il faut la faire plus tard.
Parce que tu sais qu'à long terme il y a telle autre fonctionnalité qui arrive, et puis tu peux aussi tempérer et dire par exemple au marketing que ç'est hyper intéressant, mais pas pour tout de suite. Tu traduis à chaque fois les différents besoins à ces deux équipes, et donc c'est un énorme plus d'avoir fait THP parce que tu te sent pas largué. Tu peux parler précisément des choses avec les développeurs et tu peux traduire ça de manière très simple, sans aller dans le jargon, aux équipes marketing pour qu'elles en fassent un asset commercial.
Félix
Pourquoi passer de l'univers du market à l'univers du product ?
Lara
T'as pas de frontières établies entre les deux, ça se fait assez facilement. C'est juste que quand t'es en growth t'es vraiment dans la performance, tu vas générer de l'attraction par les méthodes, par des campagnes d'acquisition, par de l'outbound, des relations avec les agences, comment tu vas gérer ta base de données pour contacter la bonne personne au bon moment avec le bon message. Et quand tu passes au product, tu crées cette traction par le produit en lui-même. Donc tu agis sur un autre des 4P marketing : produit, place, promotions, personnes.
Félix
Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux personnes qui t’écoutent ?
Lara
De foncer. Pour avoir eu le parcours classique d'école de commerce, je pense que c'est important, surtout quand on est en marketing, de pas avoir peur de ce discours technique, de cette nouvelle manière d'appréhender le produit et le marketing. Il faut foncer à fond et ne pas hésiter à se confronter au code.
Félix
Merci beaucoup d'avoir pris le temps Lara pour répondre à mes questions.
Lara
Avec plaisir