L'histoire de Clément, de la finance à l'entreprenariat
Apprendre l'informatique pour changer le monde
Toutes les semaines, l'émission Les casseurs de Code, donne la parole à des personnes qui ont appris le code pour ajouter une corde de plus à leur arc, de concrétiser des idées, de laisser libre cours à leur créativité, d'acquérir un état d'esprit. Ces personnes n'avaient pas toute vocation à devenir dev. Mais toutes ont découvert de nouveaux horizons et de nouveaux métiers. Comme dirait l'autre :
Code isn't the thing, it's the thing that gets us to THE thing.
L'histoire de Clément, de la finance à l'entreprenariat
Voici la retranscription de l'épisode de Clément, qui a fait THP en 2018. L'épisode est disponible au format audio à cette adresse. Et la retranscription ci-dessous :
Comment communiquer efficacement avec son équipe ? : Chapitre 14
Félix
Bonjour Clément
Clément
Bonjour Félix
Félix
Tu as fait THP durant l'hiver 2018, qui étais-tu avant ?
Clément
J'avais débuté ma carrière en finance d'entreprise, d'abord avec du bas de bilan au sein d'une petite filiale et puis ensuite au sein d'un grand groupe.
Félix
Du bas de bilan ?
Clément
Le bas de bilan c'est tout ce qui est financement vie courante d'une entreprise. Acheter des stocks ou des créances clients, ce genre de choses. Le haut de bilan c’est tout ce qui est levé de fonds, tout ce qui vient financer le futur de ta boite.
Donc moi j'avais plutôt un aspect commercial. J'étais chargé d'affaires au sein du Crédit Agricole, sur la PME au début, puis sur des corporate, donc vraiment des grands comptes dans l'immobilier. Et puis ensuite, je suis passé dans une petite banque d'affaires indépendante sur la levée de fonds en capital développement.
Félix
Donc rien à voir avec le code ?
Clément
En fait, j'ai profité d'avoir plaquer mon taf et d'avoir du temps pour apprendre à coder. C'était un truc que je voulais faire depuis longtemps. J'avais du temps et donc je me suis lancé. Pourquoi ? Parce que c'est peut-être une question de personnalité, mais tu sais à l'école, on apprend le solfège et alors t'es confronté à la musique tous les jours donc c'est plutôt sympa.
Mais je me suis dit pourquoi ne pas apprendre à coder ? C'était vraiment la curiosité de savoir comment ça se passe ? Comment est structuré un site Internet ? J'en avais vraiment aucune idée. Je me suis dit c'était bête, que c'est encore accessible aujourd'hui alors que peut-être dans 10 ans ça ne le sera plus du tout. C'est bien d'avoir des fondamentaux.
Je m'étais aussi posé la question entrepreneuriale avec des potes. Il y avait une question de faire un site web, voir que tu pouvais sortir 5000 balles pour sortir une appli ... Alors je me suis dit que s'il y a un mec qui sait le faire, alors pourquoi pas moi ?
Aujourd'hui, je pense que tu n'as pas forcément besoin de savoir coder pour entreprendre. Y'a suffisamment d'outils no-code pour le faire. Mais maintenant, avoir appris à apprendre, notamment avec le code, ça lève des barrières. Je le vois au quotidien avec les équipes que je peux gérer, il y a des gens aux profils d'école de commerce, et quand tu les mets devant du no-code ... Dès qu'il y a un petit bout de code qui apparait, c'est la panique.
Félix
Donc tu t'es inscrit pour les trois mois, comment ça s'est passé ?
Clément
C'était assez intense, on commençait à 8 heures et finissait à minuit. C'était sympa, les gens qui étaient là étaient cool. Tu te retrouves avec des gens qui ont envie d'avancer et d'apprendre. D'apprendre ensemble. C'est important.
Félix
D'ailleurs ça me fait penser, votre projet final m'avait impressionné. C'est stylé ce que vous avez réussi à pondre en deux semaines. Est-ce que vous aviez des objectifs particuliers? Est-ce qu'il est encore en ligne ?
Clément
Il est toujours en ligne. Petite anecdote, c'est marrant parce qu'il a inspiré beaucoup de gens ce projet. Donc on avait lancé Frigo Héro, une plateforme de partage de nourriture. L'idée, c'était de se dire il y a toujours un moment où l'on a au fond de notre frigo, un truc qu'on est prêt à jeter et qu'on n'a pas envie de manger. Ou alors qu'on part en vacances et on la moitié du frigo plein et quand on va rentrer tout sera pourri dans le frigo et en fait c’étaient des choses qu'on aurait pu donner.
Ça, c'était l'idée de base. C'est une idée qui nous a tous enthousiasmé, on était tous concernés par ça. Donc pour reprendre l'anecdote, après avoir fini THP, on s'était posé la question de continuer dessus ou pas ? Malheureusement tous les membres n'étaient pas disponibles. Donc on a essayé de refourguer le bébé à des associations comme l'abbé Pierre, où d'autres gens qui s'étaient positionnés sur le créneau, notamment Jette pas partage, et c'était un copié collé de Frigo Héro. Voilà pour la petite anecdote, on a inspiré d'autres gens.
Félix
Et alors, qu'est-ce que tu as fait après THP ?
Clément
J'ai pris un virage. On avait une fenêtre de tir avec ma compagne, on est originaire de Bretagne et on s'est dit on va rentrer en Bretagne. J'ai intégré une entreprise de services numériques, un groupe qui s'appelle Davidson, qui proposait des postes en tant que manager avec un espace entrepreneurial. Donc j'avais trois piliers : l'aspect commercial, le management des équipes et le recrutement. Tu pars de zéro, tu dois monter une équipe et décider d'adresser un marché.
Le premier marché que je voulais adresser c'était l'informatique bancaire. Puisque la banque c'est un milieu que je connaissais et que j'avais appris à coder, c'était un combo gagnant. T'as plus de crédibilité. Les ingénieurs aiment pas trop les profils commerciaux en général parce qu'ils pensent que c'est du bullshit, rien de concret.
Donc quand tu te retrouves face à des responsables informatiques, juste d'avoir des petites bases, de comprendre, d'avoir des mots clés. Puis surtout être capable de te projeter. Savoir où placer les personnes que tu recrutes par exemple, tu sais ce que tu construis.
Et dans l'aspect recrutement, quand tu es face à un dev, très vite tu vas pouvoir voir si tu as à faire avec un zozo, un électron libre ou si c'est un mec avec de la méthodologie, qui vas savoir s'intégrer dans une équipe et qui sait de quoi il parle.
Félix
Donc ça a été ton métier pendant 1 an ?
Clément
Deux ans. Puis après il y a eu le Covid, il y a eu des mesures prises dans le groupe avec lesquelles j'étais pas en phase, donc on a décidé de séparer. J'avais envie de changer d'air et aujourd'hui, je suis porteur de projet au sein de la startup Chiyo. Je porte un projet qui émane de sa start up.
Félix
C'est une entreprise qui te propose de faire des startup ?
Clément
C'est ça. On adresse des industriels, ça peut n'importe quelle boîte, qui t'apporte une problématique et on leur répond dans une application digitale. Si elle fonctionne, tu peux lancer une start up dessus et l'industriel prend part au capital.
Félix
Et donc, toi elle a été industrialisée ?
Clément
Exactement, moi ça s'appelle Grean. C'est une startup qui adresse l'immobilier, le secteur de la transaction immobilière. C'est un secteur qui est impressionnant, il y a beaucoup d'acteurs, il y a beaucoup de choses à faire. D'ailleurs, beaucoup d'acteurs naissant et c'est un secteur qui a beaucoup de tentatives et beaucoup d'échecs.
Félix
Tu disais que tu avais appris aussi d'autres compétences, notamment à apprendre à aller vite. Est-ce que c'est en lien avec le métier d'entrepreneur par exemple ?
Clément
Fortement. En fait, j'ai entendu une interview qui disait les gens chez qui ont investi c'est les mecs qui apprennent vite et qui exécutent vite. Qui sont dans ce cycle d'apprentissage, l'exécution continue. C'est ce que j'essaie de faire avec les équipes et c'est peut-être compliqué. Et notamment, si tu t'es jamais mis dans le code, tu ne vas pas comprendre pourquoi ton développeur n'arrive pas à sortir le truc que tu veux. C'est chiant parce que tu perds du temps, tu ne peux pas exécuter. Donc tu peux pas apprendre de l'exécution et tu peux pas ensuite réexécuter.
Félix
Si tu devais donner un conseil aux personnes qui écoutent, quel serait-il?
Clément
L'entrepreneuriat, il ne faut pas oublier que c'est beaucoup de petites tâches ingrates, c'est pas juste avoir de grandes idées brillantes. Inventer, c'est prendre de l'argent et en faire des idées. Innover, c'est prendre des idées et faire de l'argent. Et pour pouvoir innover, il faut passer par toutes les petites tâches ingrates.
C'est pas juste des belles histoires, plein de belles choses à faire. Il faut être prêt à accepter ça et à faire des sacrifices. Et viendront les belles histoires.
Félix
Merci beaucoup pour le partage de ton parcours Clément
Clément
A la prochaine Félix