L'histoire d'Alexandra qui a arrêter le droit pour faire du recrutement
Apprendre l'informatique pour changer le monde
Toutes les semaines, l'émission Les casseurs de Code, donne la parole à des personnes qui ont appris le code pour ajouter une corde de plus à leur arc, de concrétiser des idées, de laisser libre cours à leur créativité, d'acquérir un état d'esprit. Ces personnes n'avaient pas toute vocation à devenir dev. Mais toutes ont découvert de nouveaux horizons et de nouveaux métiers. Comme dirait l'autre :
Code isn't the thing, it's the thing that gets us to THE thing.
L'histoire d'Alexandra qui a arrêter le droit pour faire du recrutement
Voici la retranscription de l'épisode de Alexandra, qui a fait THP en 2017. L'épisode est disponible au format audio à cette adresse. Et la retranscription ci-dessous :
Comment recruter un développeur : Chapitre 22
Félix
Bonjour Alexandra
Alexandra
Salut Félix
Félix
Tu as fait THP il y a bientôt quatre ans avec la promo 2, la promo de l'automne 2017. Qui était Alexandra il y a 4 ans ?
Alexandra
Ecoute, j'ai fait du droit. Je voulais travailler dans le cinéma, notamment la propriété intellectuelle pour protéger les auteurs. Et tu vois, ça a très bien réussi parce que je fais pas du tout ça aujourd'hui.
En fait je me suis rendu compte qu'être dans un bureau à faire des contrats, c'était pas pour moi. J'avais vraiment plus besoin d'être dans le business et dans le cœur de l'action. Donc j'ai fini mes études, j'ai fait des stages et après j'ai fait une première reconversion où j'ai fait un master spécialisé dans une école de commerce. Pour faire plus de marketing, de stratégie et ça c'était génial. Du coup j'ai commencé à travailler en marketing dans le cinéma chez StudioCanal et Universal.
Et en fait le milieu m'a un peu déçu et à l'époque c'était difficile de trouver un job. Du coup j'ai atterri dans la publicité, à un rôle plus commercial où j'étais entre les créateurs et clients.
Félix
Pourquoi ce milieu t’avait déçu ?
Alexandra
Je trouve que c'était très compliqué de faire ta place sans accepter des petits jobs un peu merdiques. J'avais des potes qui galéraient dans des boites de prod à aller acheter des clopes à 3 heures du mat pour des producteurs un peu véreux. C’étaient des sacrifices que je n'étais plus du tout prête à faire. Donc après tu me diras la pub c'est aussi gratiné, mais il y avait un côté plus créa, plus business, un peu immédiat que j'aimais bien.
J'ai appris vachement de trucs, mais j'avais vraiment besoin de me redynamiser, de me challenger et d'apprendre de nouveaux trucs et surtout d'interagir avec les gens.
Félix
Tu bossais sans interagir avec les gens ?
Alexandra
Si mais c'était vraiment des rapports de prestataire à clients, c'est pas très enrichissant. Et puis j'étais dans une grosse agence avec des process lourds, chacun avec son territoire et fallait pas déroger à ça. Je me suis dit que les startups ça m'attire pas mal et que ça peut être fait pour ma personnalité. Du coup j'ai suivi un programme chez The Family et c'est là notamment que je vous ai rencontré toi et Charles.
Félix
Pourquoi le milieu des startups t’intéresse ?
Alexandra
Je me suis dit que je n'étais plus du tout faite pour les grands groupes, pour les grosses structures, les process, le manque d'agilité. J'avais vraiment besoin d'être dans quelque chose d'ultra dynamique qui voulait un peu changer le monde et casser les codes. Et voilà du coup, j'ai eu une CEO qui m'a dit qu'elle recrute des gens pour faire du recrutement.
Ce qui m'a touché c'est qu'elle a su miser sur un potentiel et c'est ce qu'elle a fait chez tout le monde parce qu'on est 65 aujourd'hui et personne n'a jamais fait de recrutement avant. J'étais la 25eme.
Et du coup, je dis pas de problème mais avant j'ai envie d'apprendre à coder. J'avais trop envie de challenge. J'avais la croyance quand j'étais plus jeune que j'étais nul en math et pas une bonne logique, du coup j'avais très envie de relever ce challenge.
Votre approche m'avait vachement plu, nouvelles méthodes d'apprentissage, et puis la tech c'est quand même un monde en expansion depuis quelques années. Si tu veux être dans le coup et comprendre ce qui se passe autour de toi, il faut essayer de comprendre. Pour moi, c'était une superbe opportunité qui se présentait.
Félix
Et en plus pour pas faire cliché, mais start up et tech, ça va bien ensemble. Tu te sens peut-être obligé d'apprendre à coder quand t'es en startup ?
Alexandra
Exactement, pour comprendre cet écosystème. Et surtout en France, la majorité des startups sont tech. C'est tout un monde de nouveaux modèles qu'il faut appréhender. Quand tu comprends le code et comment ça marche, tu comprends plein de choses.
Et en même temps comme j'allais faire du recrutement, ça allait forcément m'aider dans ce nouveau rôle. Parce qu'on va être amené probablement à recruter des profils de développeurs, de project manager etc et si je comprends pas le métier quelle légitimité pour faire ce métier de recruteur ?
Félix
Dès le départ avant même de te lancer dans ta carrière de recruteuse, tu savais l'importance du code ?
Alexandra
Ouais. Je l'ai beaucoup compris en faisant The Family, en rencontrant plein d'entrepreneurs dans cet écosystème. Je me suis dit que c'est un must have en 2021 de comprendre ce monde et de comprendre quel est ce métier de développeur. Pourquoi c'est si compliqué ? Qu'est-ce que ça demande comme compétences ? Parce que c'est le sens de l'histoire.
Félix
Donc nous sommes à l'automne 2017, tu arrives à THP. Comment se sont passés ces 3 mois ?
Alexandra
Pour moi ça a été 3 mois incroyables. À la fois surprenant, parce qu'une nouvelle méthode d'apprentissage, tu n'es plus dans une salle avec un prof et des PowerPoint et des petits exercices. T'es vraiment en autonomie, les cours et projets étaient donnés sur Slack chaque matin, donc il y a une sorte d'adrénaline du matin de « Qu'est-ce qu'on va faire aujourd’hui ? » C’était vraiment le début.
Ça a vraiment un côté maxi autonome, mais dans un groupe. Je suis dans un groupe avec des gens méga différents, qui n'ont pas du tout le même niveau en termes de logique, de mathématique, d'expérience et de code. J'aimais trop cette approche d'apprendre avec ses pairs, de s'entraider.
Félix
Quelles sont les similarités entre le droit et le code ?
Alexandra
Je trouve dans la façon dont est construit le raisonnement est très similaire. Parce qu'en droit t'as des règles qui sont posées par le Code Civil/Code pénal, etc. Et puis, il se passe des choses dans la vie qu'on appelle les faits et tu essaies de voir tout simplement si les faits respectent la règle ou non. Donc c'est un peu une sorte de "If" la règle n'est pas respectée, "Then" sanction. Je schématise un peu mais je trouve qu'il y a quand même des similitudes, donc ce n'était pas totalement désarmant pour moi.
Ça a été un apprentissage incroyable, je te cache pas qu'il y a eu des moments difficiles où ça fait deux heures que tu ne comprends pas pourquoi ça ne marche pas et tu finis par te rendre compte que t'as une virgule dans ta ligne.
C'est vrai que c'est une courbe de deuil, il y a des jours où tu te dis "Mais je suis nul, est ce que je vais y arriver ? Est-ce que j'ai vraiment ma place ?". Et en fait, je trouve que ce qui était ouf avec THP, c'est que c'était dur c'est vrai. Mais qu'est-ce que ça apprend la résilience. Quelle fierté quand tu arrives à la fin, ça m'a redonné une maxi confiance.
Félix
Deuxième transition absolument magique, donc tu finis et tu te sens chaude patate pour commencer ta carrière de recruteuse. Comment ça s'est passé ?
Alexandra
Pour présenter rapidement, on est un cabinet qui accompagne des starts up tout au long de leur vie de start up. On intervient sur l'humain, on aide à recruter les premiers profils et les super profils pour prospérer.
Félix
Et donc toi tu faisais du recrutement au début ?
Alexandra
Je suis arrivé sur un poste de sélection, on avait l'avantage à l'époque que les candidats venaient à nous et postulaient chez nous. Mon rôle c'était de trouver dans ces dossiers des candidats qui pouvaient correspondre à ce que recherchaient nos clients.
Et peu de temps après j'ai réussi à vachement capitaliser sur ce que j'ai appris chez THP parce que j'ai co-construite le process de recrutement des profils techs.
Félix
Parce qu'avant, vous ne faisiez pas de profil tech ?
Alexandra
Pas du tout, on a dû le faire un an après que je suis arrivé. Maintenant on a une équipe qui est dédiée à ça. Ils sont cinq.
Notre ambition c'est vraiment de créer une relation forte avec les profils et de comprendre ce qu'ils veulent et qu'ils sont pour qu'ils soient dans le meilleur endroit possible.
Félix
Quel était le processus que vous avez mis en place pour bien recruter un tech ?
Alexandra
C'est une vaste question. A l'époque, on se basait sur les critères génériques qu'avaient nos clients en startup. Ils veulent souvent des gens qui ont la tête bien faite, qui ont un peu de génie, donc capable de trouver des réponses simples à des problèmes complexes. Il y avait tout un côté aussi besoin d'avoir des gens qui prennent des initiatives, qui savent mettre un process en place ... et aussi le côté mains dans le cambouis.
Ensuite on leur faisait passer un dossier qui était quand même assez restreint parce qu'on sait que les techs ça va les saouler. Donc quelques questions de motivation et CV. Après, on les voyait en entretien pendant une heure et au début on leur posait beaucoup de questions de motivation. Et à la fin on terminait par 15 minutes de cas technique. Une fois tout ça fait, ils rentraient officiellement dans le programme.
Puis accompagnement, on leur envoie différentes opportunités, mais l'objectif aujourd'hui c'est principalement de comprendre quels sont les besoins de ces super développeurs.
Pourquoi ils auraient envie de changer de boite ? Du coup maintenant, il y a beaucoup plus de focus sur la personnalité.
Ce qu'on explique à nos clients c'est que jamais un candidat voudra quitter sa boite pour faire la même chose ailleurs. Les gens qui partent ils ont forcément besoin d'apprendre autre chose, besoin de monter en compétence. Donc si tu lui propose exactement la même chose il va dire non.
Félix
Si il y a des gens qui veulent être recrutés, qu'est-ce que tu pourrais leur dire pour que ces personnes soient les meilleures ?
Alexandra
La clé c'est d'apprendre à se connaître. C'est de savoir quels sont ses besoins. Souvent je vois des candidats qui arrivent avec une liste de dix critères, mais l'opportunité idéale n'existe pas. Ce qui va compter c'est deux ou trois critères, mais pas plus. Et c'est plutôt une bonne nouvelle parce qu'en fait, si tu te concentre que sur deux ou trois critères hyper importants pour toi, tu ouvres beaucoup plus le champ des possibles.
Donc le conseil que je pourrais donner à des gens qui ont envie d'être efficaces dans leur processus de recrutement, c'est d'identifier ce qui est ultra important pour eux. Et puis ensuite, arriver à être le vendeur de soi-même.
Félix
En quoi THP ça t'as aidé dans ta carrière ?
Alexandra
THP m'a beaucoup aidé sur le mindset. J'ai vraiment compris ce que c'était d'entreprendre et d'apprendre de nouvelles choses. C'est ça la clé des gens en startup, ils veulent des profils entrepreneurs. Ils veulent des gens qui captent vite, qui sont curieux, qui veulent apprendre, qui veulent se donner, qui a envie de croître et de grandir.
Vraiment c'est ce que j'ai compris en faisant THP parce que t'es devant une feuille blanche, t'as jamais appris à coder, on t'envoie quelques consignes et tu te débrouilles. Et ça, c'est la beauté du truc. C'est apprendre à être débrouillard et apprendre à apprendre.
Félix
Est-ce que tu aurais un conseil à donner aux personnes qui vont t’écouter ?
Alexandra
Le conseil que je donnerais aux gens qui écoutent c'est d'oser. Ne restez pas bloqué sur vos croyances limitantes qui vous empêche de faire des choses qui vous empêchent d'être vous-même. Arrêtez de croire que vous n'êtes pas légitime, que vous n'êtes pas capable de faire, d'apprendre ou d'avoir la meilleure vie que vous méritez.
Il suffit juste d'agir. Plus vous serez dans l'action et plus vous croirez. Et plus vous aurez ce que vous avez envie d'avoir dans la vie. Vous avez quoi à perdre ?
Félix
Merci beaucoup Alexandra d'avoir pris le temps de me raconter ton histoire.
Alexandra
C'était un super moment Félix.